Nigeria : plus de 300 élèves kidnappés par des hommes armés

10 ans après Chibok, des centaines d’élèves étudiants kidnappés par des hommes armés

Le 7 mars dernier, près de 300 enfants ont été enlevés par un gang dans le nord de l'Etat de Kaduna au Nigeria. Samedi dernier, c'est au moins 15 écoliers d'une école de l'État de Sokoto, dans le nord-ouest du pays, qui ont également été kidnappés. 

L'école publique de Kuriga, située dans la zone de gouvernement local de Chikun, dans État de Kaduna, a été victime d'une attaque le 7 mars dernier. Des individus armés ont violemment pénétré dans l'établissement, enlevant 287 élèves, avant le début des cours.

Initialement ils étaient plus nombreux, on comptait 187 élèves du secondaire et 125 du primaire, selon le Christian Post. Certains ont ensuite été relâchés et d'autres ont réussi à s'échapper.

Le gouverneur Uba Sani, après s'être rendu sur place, a promis de tout faire pour garantir le retour sécurisé des écoliers. "Le gouvernement de l'État de Kaduna et les agences de sécurité sont activement engagés, travaillant 24 heures sur 24 pour assurer le retour en toute sécurité des écoliers enlevés", a-t-il écrit sur X.

Il a également souligné avoir reçu des assurances solides du président et du conseiller de la sécurité nationale, affirmant que "rien ne sera négligé pour ramener les enfants".

Deux jours plus tard, samedi le 9 mars, 15 élèves d'une école du village de Gidan Bakuso ont également été enlevés lors d'un raid, à l'aube, dans l'État de Sokoto, au nord-ouest de Nigeria. Le directeur de l'école, Liman Abubakar Bakuso, a expliqué à l'agence Reuters que les assaillants ont forcé l'entrée de l'établissement, tirant sur la foulée et semant la panique parmi les élèves qui ont tenté de fuir.

"Ils ont réussi à enlever 15 de mes étudiants, le plus âgé ayant 20 et 15 ans, mais tous les autres ont moins de 13 ans", a-t-il précisé, ajoutant qu'une femme a également été enlevée marquant le troisième enlèvement de masse dans le nord du Nigeria en moins d'une semaine.

En effet, quelques jours plus tôt, le 4 mars, Boko Haram avait déjà enlevé environ 200 femmes et filles suite à des attaques contre trois camps de personnes déplacées à Ngala, près de la frontière avec le Cameroun. 

L'UNICEF, (agence des Nations Unies pour l'enfance), a vivement condamné l'attaque et a exhorté le gouvernement à redoubler d'efforts pour protéger les écoles. "Les écoles devraient être des sanctuaires d'apprentissage et de croissance, pas des lieux de peur et de violence", a souligné Christian Munduate, le directeur de l'UNICEF Nigeria, dans un communiqué.

"Ce dernier enlèvement, tout comme les précédents, est hautement condamnable et s'inscrit dans une tendance inquiétante d'attaques contre des établissements d'enseignement au Nigeria, en particulier dans le nord-ouest, où les groupes armés ont intensifié leur campagne de violence et d'enlèvements."

Les enlèvements d'écoliers, un phénomène persistant au Nigeria

Les enlèvements demeurent fréquents dans le pays le plus peuplé d'Afrique, où des gangs criminels fortement armés ciblent régulièrement des écoles, principalement dans le nord-ouest du pays.

Le tristement célèbre enlèvement de près de 280 lycéennes à Chibok par les militants de Boko Haram, le 14 avril 2014, avait suscité une vague d'indignation à l'international. Bien que certaines des jeunes filles aient été libérées, plus d'une centaine sont toujours portée disparue. En février dernier, un nombre indéterminé de lycéennes ont réussi à s'échapper après six ans de captivité, profitant d'une offensive de l'armée nigériane dans la forêt de Sambisa, bastion de Boko Haram dans l'État de Borno.

Ce 19 février marquait le triste anniversaire de six ans de captivité pour la chrétienne Leah Sharibu. La jeune chrétienne avait 14 ans lors de son enlèvement par Boko Haram en 2018. Elle avait été faite prisonnière avec 110 autres jeunes filles. Après quelques semaines, elles ont toutes été libérées, sauf Leah, car elle a refusé de renier sa foi. 

Le dernier enlèvement majeur visant un établissement dans la région, remonte à juillet 2021, lorsque des hommes armés ont kidnappé plus de 140 élèves d'un lycée chrétien dans le nord-ouest du pays. Les lycéens ont tous été libérés, quelques mois plus tard, suite aux rançons payées par leurs familles.

Comme le montrent ces nombreux exemples, outre les écoles se sont souvent les établissements chrétiens ou les élèves de confession chértienne qui sont visés par les groupes terroristes.

En effet, la persécution au Nigéria, pays classé 6e dans l’Index Mondial de persécution des chrétiens de l’ONG Portes Ouvertes, est caractérisée par une "extrême violence". Ils sont fréquemment ciblés en raison de leur foi par des groupes terroristes tels que Boko Haram, l'État islamique en Afrique de l'Ouest, ainsi que par des militants extrémistes et des criminels fulanis (ou peuls). Selon l'organisation, ces attaques, caractérisées par des enlèvements et des assassinats, "se déroulent presque impunément".

Le Nigeria détient le triste record du pays où le plus grand nombre de chrétiens sont tués en raison de leur foi.

Salma El Monser

Crédit image : Shutterstock/ GOALLORD-CREATIVITY

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